Le féminisme en France - Faits et chiffres
Femmes et hommes en France, égalité en droits mais inégalités dans les faits
Aujourd’hui, en France, il n’est plus question qu’une femme nécessite l’autorisation de son mari pour ouvrir un compte bancaire, ou que les seules études autorisées aux jeunes femmes soient les écoles ménagères. Les femmes ont acquis les mêmes droits que les hommes. Cependant, il persiste d’importantes inégalités dans les faits.Alors qu’une majorité des Françaises estiment être traitées différemment des hommes dans un large éventail de domaines, les inégalités de traitement ressenties sont particulièrement fortes dans la rue et les transports, dans le monde du sport et dans le monde du travail. Entre 2011 et 2019, le revenu annuel médian augmente pour les hommes et pour les femmes, mais l’écart entre les revenus des deux sexes subsiste. Ainsi, le salaire annuel brut médian des Français diplômés de l'enseignement supérieur long est de 34.500 euros pour les hommes et 28.000 euros pour les femmes, un an après l'obtention du diplôme.
Ces inégalités de revenus sont en partie dues aux différences entre les postes occupés par les femmes et par les hommes. Les femmes occupent plutôt des postes dans les domaines du social, de la culture et de la communication, tandis que les hommes s’intéressent davantage à l’informatique, la production industrielle et la recherche. Mais ce n’est pas la seule raison. Les femmes sont très peu représentées dans les postes à responsabilités et de direction, que ce soit dans le secteur privé ou en politique. Ainsi, seules 37% de femmes sont députés à l’Assemblée nationale et seulement 12% des films sélectionnés au Festival de Cannes en 2022 ont été réalisés par des femmes. Mais d’où proviennent ces inégalités ? Les raisons les plus invoquées par les Français en 2021 sont la charge des tâches ménagères et parentales qui incombent davantage aux femmes et les inégalités créées par la religion et la culture.
Cependant, la lutte liée aux droits des femmes considérée comme la plus importante n’est pas l’égalité des salaires, c’est la violence contre les femmes.
Les violences sexistes et sexuelles au cœur de la lutte des mouvements féministes
En 2020, le nombre de femmes victimes de violences conjugales volontaires était de presque 100.000, soit six fois plus que de victimes hommes. Les femmes sont aussi plus souvent victimes de violences sexuelles, par exemple de viols ou d’agressions sexuelles. D’ailleurs, un homme sur 10 a déjà eu un doute sur le consentement de sa partenaire lors d’un rapport sexuel.Les violences envers les femmes vont parfois jusqu’à la mort. Chaque année, plus de 100 femmes sont tuées en lien avec des violences au sein du couple en France. Les auteurs de meurtres et d’assassinats au sein du couple en France sont principalement des hommes, qui tuent leur conjointe ou ex-conjointe à cause d’une séparation non acceptée, par jalousie ou en lien avec une dispute. Ces homicides sont suffisamment fréquents pour constituer un phénomène sociétal, c’est pour cela que certains proposent de donner le nom de « féminicide » aux meurtres et assassinats de femmes par leur conjoint ou ex-conjoint.
Les auteurs de ces actes sont en principe punis par la loi, mais de nombreuses affaires sont classées sans suite, les procès peuvent être longs et 40 % des femmes ayant porté plainte pour violences conjugales, sexuelles ou sexistes trouvent que la prise en charge par les forces de l'ordre est mauvaise.
À côté du soutien des proches, des associations spécialisées dans la prévention et la lutte contre les actes et violences sexistes viennent en aide aux victimes. Les Françaises accordent une grande confiance à ces associations. En 2019, 10 % des femmes victimes de viols ont rencontré les membres d’une telle association et 10 % ont appelé un service d’aide aux victimes. Parmi ces associations, on trouve le planning familial, En avant toute(s), ou encore L’Association française du féminisme. Ces associations font du travail de prévention, notamment d’information et de sensibilisation des jeunes, et accompagnent les victimes de violences sexuelles ou conjugales.
Concernant les lois et sanctions existantes pour lutter contre les actes et propos sexistes, seulement 9% des Français les jugent suffisantes et bien appliquées par la police, la justice et les autorités publiques. Près de 70% des Français pensent que le gouvernement devrait renforcer la poursuite judiciaire des crimes sexuels et agressions envers les femmes, et 50% des Français pensent que l’État devrait mettre fin aux usages traditionnels portant atteinte aux femmes et filles, comme le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines.
Les deux tiers des Français pensent que le gouvernement devrait en faire plus pour la promotion de l’égalité des sexes. Pourtant, en 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, a déclaré que l'égalité entre les femmes et les hommes était la "grande cause du quinquennat". Mais de nombreuses associations féministes dénoncent le manque de moyens mis en place et l'absence de réformes structurelles. Ainsi, en 2021, moins de la moitié des Françaises se disent satisfaites de l'action d'Emmanuel Macron en matière de droits des femmes – sauf pour les sympathisantes de son parti.