Marché du travail : de plus en plus de smicards en France

Alors que les Français sont appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées les dimanches 30 juin et 7 juillet 2024, le pouvoir d'achat et les salaires s'imposent parmi les thèmes centraux de la campagne. Concernant les promesses faites à cet égard par les trois principales forces politiques en lice, la coalition de gauche (Nouveau Front populaire) entend revaloriser le Smic à 1 600 euros net par mois, tandis que le camp présidentiel et le Rassemblement national proposent de leur côté des incitations à revaloriser les salaires - via une réforme des cotisations sociales pour le premier et en exonérant les hausses de salaires de cotisations patronales pour le second.

Comme le montrent les données de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des Statistiques (Dares) présentées dans notre infographie, 17,3 % des salariés français du privé (hors secteur agricole) touchaient le salaire minimum en 2023, soit 3,1 millions de personnes. La part de salariés payés au salaire minimum a fortement augmenté ces trois dernières années, passant de 12,0 % en 2021 à 14,5 % en 2022, puis à 17,3 % l'an dernier. C'est désormais un point de pourcentage de plus que la valeur la plus élevée enregistrée depuis 1991 (16,3 % en 2005). Dans le détail, la majorité des smicards sont des femmes (57 %), alors qu'elles forment moins de la moitié de la population active, et les secteurs les plus représentés (hors agriculture) sont ceux de l'hébergement et de la restauration.

Les revalorisations successives du Smic face à l'inflation, sept depuis 2021, expliquent en grande partie l'explosion récente du nombre de salariés au salaire minimum. De janvier 2021 à janvier 2024, le Smic horaire brut est passé de 10,25 euros à 11,65 euros, soit une hausse d'environ 14 % au total sur trois ans. Ainsi, les personnes qui touchaient un peu plus que le salaire minimum - si elles n'ont pas été suffisamment augmentées par leur employeur depuis - ont vu leur salaire rattrapé par le Smic.