Le football français se trouve dans une situation financière délicate. Après la rétrogradation administrative en National 2 décidée fin juin de la Berrichonne de Châteauroux et des Chamois Niortais (deux clubs professionnels évoluant il y a peu de temps en Ligue 2), c'est au tour d'un monument du foot français, les Girondins de Bordeaux, d'être rétrogradés dans les divisions inférieures en raison de déboires financiers. Ce mardi 23 juillet, le club a accepté la sanction de rétrogradation administrative de Ligue 2 en National 1 pour la saison 2024/2025, et sera à nouveau prochainement convoqué pour présenter son budget devant la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion). Les Girondins de Bordeaux sont encore loin d'être tirés d'affaire, puisqu'ils risquent une relégation en National 2 ou 3, voire même un dépôt de bilan, s'ils ne parvenaient toujours pas à convaincre le gendarme financier du football lors de leur prochaine entrevue.
Comme le retrace notre infographie basée sur les rapports de la DNCG, les 40 principaux clubs professionnels français ont enchaîné presque dix saisons dans le rouge sur le plan comptable. Hormis une saison à l'équilibre (+3 millions d'euros en 2015/16), le résultat annuel net combiné de l'ensemble des clubs de L1 et L2 a toujours été négatif entre 2013 et 2023. Alors que les restrictions sanitaires de 2020 et 2021, puis la faillite du diffuseur Mediapro en 2021, ont fortement impacté les finances des clubs professionnels - avec plus de 600 millions d'euros de pertes cumulées lors des saisons 2020/21 et 2021/22 - la saison 2022/23 a enregistré des pertes supérieures à celles de la saison tronquée par le Covid-19 : 282 millions d'euros, contre 269 millions en 2019/20.
Dans le détail, derrière le Paris Saint-Germain et l'Olympique Lyonnais, qui pesaient à eux seuls environ les trois quarts (77 %) du trou dans la caisse l'an dernier, la quasi-intégralité des clubs de L1 devaient composer avec un déficit d'exploitation. Cela signifie que leur train de vie (salaires, transferts, commissions d'agent, frais de fonctionnement, etc.) leur coûte généralement plus cher que ce qu'il leur rapporte (droits TV, sponsors, billetterie, boutique, etc.). Ainsi, même les quelques clubs considérés comme de bons élèves sur le plan comptable lors de la saison 2022/23, tels Lille (+30 millions), Lorient (+8,1 millions) ou Lens (+3,2 millions), ont eu besoin de vendre des joueurs pour boucler leur exercice dans le vert.