Trois ans après la dernière guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, la région séparatiste à majorité arménienne du Haut-Karabagh a subi de nouvelles frappes azéries. Bakou a affirmé vouloir viser des infrastructures militaires dans le cadre d'une « opération antiterroriste » et épargner les civils, mais les observateurs sur place ont livré un bilan humain déjà lourd : au moins 32 civils morts en l'espace de 24 heures. Ce mercredi, les autorités du Haut-Karabagh ont accepté un cessez-le-feu avec l'Azerbaïdjan, après une médiation des forces russes de maintien de la paix. Des pourparlers sont prévus dès jeudi pour discuter de la réintégration de la région à l'Azerbaïdjan.
Cette situation a malheureusement un goût de déjà-vu. Depuis les années 1990, l'enclave fait l'objet de conflits entre ces deux anciennes républiques soviétiques du Caucase. Lors de la première guerre du Haut-Karabagh (1988-1994), c'est l'Arménie qui avait pris le dessus militairement sur son voisin et remporté le conflit, permettant à la région sécessionniste de conserver un certain degré d'autonomie. Mais au cours des trois dernières décennies, la balance économique et militaire a profondément changé dans la région.
Comme le montre notre graphique, profitant des revenus de l'exploitation pétrolière, l'Azerbaïdjan a multiplié son PIB par 45 entre 1995 et 2022. En parallèle, le pays a utilisé cette manne financière pour renforcer son armée, en multipliant ses dépenses militaires par 29 sur la même période. À peu près au même niveau que son voisin en matière de richesse et de budget de défense au début des années 1990, l'Arménie n'a en revanche pas profité du même développement. Le PIB arménien a été multiplié par 15 depuis 1995 et les dépenses militaires d'Erevan par 13. En conséquence, le budget de l'armée azérie était près de 4 fois plus élevé que celui de l'Arménie en 2022.