Les mises en recouvrement de fraude fiscale ont atteint 15,2 milliards d'euros en 2023, selon les chiffres communiqués par le ministère de l'Économie et des Finances. Il s'agit d'un niveau record qui dépasse les 14,6 milliards recouvrés en 2022. Concernant la fraude aux cotisations sociales (ou « fraude patronale »), les redressements ont aussi nettement augmenté sur un an (+50 %) et se sont élevés à 1,2 milliard d'euros. Quant aux montants recouvrés en matière de fraude aux prestations sociales (allocations familiales, assurance vieillesse, assurance maladie), ils se situaient à un peu plus de 1 milliard d'euros en 2023, soit quinze fois moins que les sommes rattachées à la fraude fiscale.
Mais quelle part de ce manque à gagner fiscal est réellement détectée par les autorités ? Ces dernières années, plusieurs organismes, comme la Cour des comptes et la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), ont cherché à estimer les montants réellement imputables à la fraude fiscale et à la fraude sociale en France. Des estimations récemment publiées dans la revue Alternatives économiques indiquent que le montant annuel de la fraude fiscale serait compris entre 80 et 100 milliards d'euros, ce qui signifierait que moins de 20 % de cette fraude serait à l'heure actuelle décelée par les autorités. Comme le montre notre infographie, la fraude aux cotisations sociales, estimée à entre 5 et 7 milliards d'euros, serait elle aussi détectée à hauteur de 20 % environ, et la fraude aux prestations sociales, estimée autour de 3 milliards d'euros, à un peu plus de 30 %.