Un peu plus d'un an après le début de la campagne de vaccination la plus importante et la plus rapide que le monde ait jamais connue, sa plus grande faille persiste. Près de quatorze mois après qu'une femme britannique de 90 ans a reçu le premier vaccin Covid-19 en dehors des essais cliniques, les inégalités de distribution mondiale sont en effet plus larges que jamais.
Alors que près de 10 milliards de doses de vaccin ont été administrées à ce jour dans le monde, et qu'une quatrième dose est proposée à certains publics dans plusieurs pays, des milliards de personnes n'ont toujours pas accès à la vaccination. L'initiative Covax, qui a été mise en place pour garantir un accès équitable aux vaccins, est encore loin de son objectif, et ce malgré l'envoi de 1,1 milliard de doses dans 144 pays et territoires.
Selon les estimations d'Our World in Data, qui suit le déploiement mondial de la campagne de vaccination depuis ses débuts, 127 doses ont été administrées pour 100 personnes dans le monde jusqu'à présent (soit un peu plus d'une par personne). Mais si l'on examine la distribution selon le niveau de revenu des pays (selon les groupes définis par la Banque mondiale), les écarts sont flagrants. Fin janvier, 180 doses pour 100 personnes ont été administrées dans les pays à haut revenu et moyen supérieur, tandis que respectivement seulement 96 et 14 doses pour 100 personnes ont été administrées dans les pays à revenu moyen inférieur et faible. Ce dernier chiffre est particulièrement frappant, car il correspond à environ 650 millions de personnes privées d'accès au vaccin.
L'émergence de nouveaux variants du coronavirus a une fois de plus souligné l'importance de la disponibilité des vaccins à l'échelle mondiale. Tant qu'une grande partie de la population de la planète ne sera pas protégée, le virus pourra continuer de se propager et d'avoir l'occasion de muter, menaçant potentiellement les progrès réalisés jusqu'à présent dans la lutte contre la pandémie.