En analysant une carotte de glace extraite au nord-ouest du Groenland, des chercheurs ont fait une découverte pour le moins surprenante. Cet échantillon prélevé sur une profondeur de plus de 1 000 mètres a révélé la présence de brindilles et des feuilles parfaitement conservées. Cette trouvaille suggère que l'immense île arctique s'est retrouvée libre de glace au cours du dernier million d'années, dans un climat à peine plus chaud que celui d'aujourd'hui. Il s'agit d'une indication importante pour les scientifiques qui travaillent sur les effets des variations climatiques, ces nouveaux travaux apportant une preuve que le Groenland est en réalité plus sensible au réchauffement que ce que l'on pensait.
D'une superficie de plus de 1,7 millions de km2, la calotte glaciaire qui recouvre le Groenland est la deuxième plus grande masse de glace sur Terre après l'inlandsis de l'Antarctique (plus de 14 millions de km2). Comme le révèle notre graphique, basé sur les données publiées par l'Agence européenne pour l'environnement, la fonte des deux calottes glaciaires s'est nettement accélérée à partir du début du XXIème siècle, et c'est le Groenland qui fond le plus vite.
De 1993 à 2003, l'île arctique a perdu l'équivalent de 500 gigatonnes de glace (comme l'Antarctique), mais ce volume apparait bien dérisoire en comparaison avec les années ayant suivi. De 2009 à 2019, le Groenland a ainsi vu disparaître près de cinq fois cette masse, portant la perte de glace cumulée depuis 1992 à plus de 4 000 gigatonnes. D'après les estimations, la fonte de l'île a déjà causé une hausse des océans de plus d'un centimètre au cours des trente dernières années. Entièrement libre de glace, le Groenland pourrait faire monter le niveau des mers de 7 mètres. Du côté de l'Antarctique, la perte cumulée est pour le moment moins élevée, soit proche de 3 000 gigatonnes de 1992 à 2018, mais l'accélération de la fonte au cours de la dernière décennie est également bien visible.